Un des objectifs à long terme de l'association est de remettre en état l'ancien chemin de Paliri qui monte rejoindre le GR20 à Bocca di Monte Bracciutu depuis la rive gauche du Cavu. Gardant cet objectif en tête, quelques-uns d'entre nous avaient envie de pousser une petite reconnaissance de ce sentier pour voir dans quel état il était.
Chose faite Lundi dernier 5 septembre, avec une remontée partielle du sentier qui nous a amenés à moins de 200m du GR20 après une bonne séance de "pinatu" tant la trace actuelle du sentier a été reprise par le maquis... La carte IGN ci-contre à droite donne le trajet qui a été suivi durant les 7 heures de cette expédition sous bonne chaleur.
L'approche bien connue jusqu'au ruisseau de Peralzone
Après le rendez-vous traditionnel au Parc-Aventure à 08h30, nous nous rendons en voiture à l'extrémité de la piste de la Figa Bona, récemment restaurée par nos amis chasseurs ainsi qu'il l'a été déjà indiquée dans l'article Caseddi et patrimoine d'Aragali : exploration des ravins de Carciara et Velacu de juin dernier. La piste n'a pas évolué depuis lors, mais elle permet de raccourcir la marche d'approche d'une bonne heure !
Départ vers 09h10 avec la remontée maintenant bien connue jusqu'au ruisseau de Peralzone par la sente le long de Figa Bona/Carciara. Les ronces ont déjà repoussé sur la sente et la trace n'est pas vraiment confortable. Elle nous amène au ruisseau en 35mn sans surprise, sauf celle que nous aurons au retour en découvrant que la trace actuelle n'a pas exactement suivi l'ancien chemin juste avant l'arrivée au Peralzone mais a adopté un raccourci plus à gauche pour aller toucher le torrent. En fait, on retrouve le cheminement de l'ancien sentier partant à droite 120m avant d'arriver au Peralzone. Le long des vestiges encore visibles du chemin, nous avons trouvé deux "sapare" dont l'une d'assez belle facture et dont il serait assez facile de réparer les murets de protection.
Du Peralzone au plateau du début de la crête de Punta Rossa
L'ancien chemin (détourné, donc) traversait le Peralzone un peu plus loin et cheminait sur la rive droite. Toute cette partie est actuellement sous le maquis et sera à retracer. La suite la plus aisée consiste à remonter le ruisseau jusqu'à la prochaine cascade en amont puis à retrouver l'ancien chemin 50m à gauche sur la rive droite. Mais aujourd'hui, nous nous laissons embarquer sur une trace récente qui semble retrouver le chemin plus directement : raté, c'est une vague trace raide et mal démaquisée qui ne nous fait rien gagner... Nous retrouvons l'ancien chemin bien marqué à l'approche de la crête du piton rocheux où les exploitants de bois du Carciara avaient placé des pylônes de leur téléphérique et où de nombreux vestiges y sont encore visibles. Ensuite, toute la montée jusqu'au plateau qui marque le début de l'arête Sud de Punta Rossa se déroule sans problème. La sente est assez visible, même si de nombreuses fausses pistes sont possibles, mais nous montre que la végétation s'est bien accrue depuis les années 2009-2012 où le sentier avait été un peu désencombré. Belles vues à gauche sur la brèche du Carciara, toute proche en contrebas...
Nous atteignons le plateau à 10h30 avec le spectacle de l'arête menant à Punta Rossa au-delà du plateau et les contreforts de Punta di Monte Sordu sur la droite.
Le contournement de Punta Rossa jusqu'au col Nord 750m
Le chemin traverse le plateau dans le prolongement de Punta Rossa et montre assez vite de plus en plus d'obstacles végétaux. Désormais, nous sommes tous obligés de manier en permanence le pinatu pour améliorer les passages avant la progression. La trace passe sous les parois de la face W de la pointe, granite rouge fulgurant qui a donné son nom au sommet, dans une pente à 45° d'inclinaison, entrecoupée de bandes de maquis et de tranches d'éboulis où il est difficile de retrouver la suite des passages. Après un long parcours en ligne de niveau, nous perdons la trace de l'ancien chemin et montons un peu au hasard vers la base de la paroi en retrouvant le chemin et ses soutènements 50m de dénivelé plus haut. La suite est un plus facile, mais toujours aussi raide, jusqu'à rejoindre le col bien marqué au Nord de Punta Rossa à 750m d'altitude.
Évidemment, le démaquisage réalisé n'a pas aidé à la vitesse de montée et il est déjà plus de midi quand nous arrivons à ce col. Vues magnifiques de tous côtés : le "Tafonu di u Cumpuleddu" (ex-Trou de la Bombe) plein Ouest, les contreforts déchiquetés de Punta di Monte Sordu plein Est, et l'arête Nord de Punta Rossa où notre route va se poursuivre...
La crête Nord de Punta Rossa : fin de parcours
Après une courte pause, nous reprenons la suite de la trace le long de la crête en évitant les pointes rocheuses par la gauche. Là encore, la végétation s'est accrue notablement sur cette partie depuis 2009-2012 et la trace se détourne souvent de l'ancien chemin pour suivre de plus près la crête où la progression est plus facile dans une végétation moins haute et moins dense. A mi-chemin de la crête, sous une chaleur accablante, une partie de l'équipe décide de s'arrêter, alors que les autres participants poursuivent un peu plus loin avant de faire demi-tour. Pour ma part, je décide de jeter un oeil à la suite de la trace après la fin de la crête pour constater son état. Elle est complètement cachée par, principalement, les bruyères arborescentes qui ne laissent voir que la marque au sol et qu'il faut sans cesse écarter. Après avoir atteint le bas la pente terminale sous le GR20 vers 12h40, demi-tour pour rejoindre la troupe déjà l'ouvrage sous le col Nord pour la pause-déjeuner... Et vu que ce sont quasiment les premiers randonneurs (encore plus grimpeurs, car rien n'y est équipé) que nous ayons jamais rencontrés dans ce coin, on est encore loin des "hordes de touristes" que certains pensaient voir attirées par la diffusion d'informations sur ces lieux méconnus !
Retour vers le Cavu
Nous re-démarrons vers 14h15 après un déjeuner arrosé au "rosé" et au "mojito" qui fait que même le café final aura du mal à nous réveiller ! Certains équipiers ont une conception assez épicurienne de la randonnée...
Rien de bien nouveau durant la descente qui nous a pris environ deux heures avec un retour aux voitures vers 16h20 : une trace bien améliorée après le passage aller des six démaquiseurs, un "castellu" aperçu par Patrice au sommet de l'aiguille rive droite de la brèche du Carciara (cf. photo ??) et les deux grottes-abris déjà mentionnés sur l'ancien chemin avant le Peralzone.
Mais arrivés à l'aire de pique-nique des chasseurs, nous avons la surprise de tomber sur un couple de grimpeurs équipés d'un harnachement complet pour bivouac et escalade qui nous explique qu'ils se rendent à la brèche du Carciara pour essayer d'ouvrir des voies d'escalade. Il paraîtrait qu'ils ont trouvé cette idée en consultant le "célèbre" site Internet "Corse sauvage"... Inutile de dire que le créateur du site a été ravi d'apprendre que des pratiquants, randonneurs ou grimpeurs, non seulement consultaient son site mais allaient jusqu'à l'expérimenter sur le terrain ! Même si c'est bien l'objectif...
Conclusion :
Cette expédition aura montré l'étendue des travaux à faire pour réaliser la restauration de ce chemin et des conditions à respecter :
- Attendre que la piste le long de la Figa Bona soit réfectionnée jusqu'à son terme (le ruisseau de Vega Bianca ?). Cela permettra de gagner 1h30 de marche et d'apporter des outils au plus près...
- Pas grand chose à attendre de tronçonneuses : la plupart des travaux demanderont l'utilisation intensive de débroussailleuses...
- Compter sur au moins une dizaine de journées d'operata sur le terrain entre 410 et 971m d'altitude avec plus de 2,7km à parcourir (depuis Vega Bianca) et 600m de dénivelé à avaler dans des parties très raides.
Bonjour,
C'est en cours et presque terminé : il reste 550m à restaurer pour rejoindre le GR20 !
Voir l'article sur la dernière operata du 30/07/2019 sur ce chemin : L'operata du 30/07/2019.
C'est une super idée.
Après 3 ans, la voix est-elle ouverte ?