Chaque nouvelle visite des ravins d'Aragali (Figa Bona, Carciara, Frassiccia, Velacu, ...) donne lieu à de nouvelles découvertes, soit merveilles naturelles, soit vestiges patrimoniaux montrant l'intense activité du bois et du charbon de bois dans ces hautes vallées !
Jeudi dernier, 13 septembre, nous avons improvisé une nouvelle randonnée dans le (la) Carciara d'Aragali pour accompagner Vincent (Lucchinacci) afin qu'il puisse jeter un coup d'oeil aux caseddi à la confluence Carciara/Velacu qu'il avait ratés en octobre 2016. Et, comme à chaque passage, cela a encore été l'occasion de découvrir une nouveauté : cette fois-ci, la suite de l'ancien chemin d'exploitation en amont de la brèche. Nous avons pu le parcourir entièrement au-delà du premier tronçon déjà connu à la hauteur de la grande vasque à l'entrée (dans le sens de la descente !) de la brèche.
Le flair de Jean-Jo nous a permis de retrouver la partie de ce chemin vers l'amont, en rive gauche d'abord jusqu'à la confluence Frassiccia, en passant le long de la crête commune avec le Vangone di A Neve où les exploitants de cette vallée ont creusé une immense tranchée pour aménager le passage des câbles du téléphérique, puis en rive droite jusqu'à la confluence Velacu où se trouvent les caseddi.
Un itinéraire magnifique avec des vestiges époustouflants de l'ancienne exploitation !
Lire ci-dessous quelques détails et photos de cette dernière expédition en consultant la carte du Carciara ci-contre à gauche avec les détails du parcours et du chemin.
L'accès à la brèche :
Démarrage à 5 personnes (Nicole, Vincent, Andy, Jean-Jo et moi-même) vers 08h40 depuis la piste RD du Cavu au plus loin où l'on a pu aller en 4x4 (après Lora) : la piste, prolongée par des chasseurs l'année dernière, est malheureusement infranchissable dés le premier ruisseau après la partie habituelle. Les pluies hivernales ont creusé des tranchées de plus d'1m de haut dans les deux ruisseaux à traverser ! Résultat : 2 x 20mn de marche à faire en plus...
Donc, d'abord 20mn de marche sur la piste restaurée, puis 40mn sur la sente étroite qui la prolonge : cette sente s'est pas mal refermée, est souvent parsemée de ronces et n'est pas très agréable en ce moment. Nous descendons dans la Figa Bona au niveau de la grande vasque circulaire, ce qui est beaucoup plus direct et confortable qu'en descendant le ruisseau de Peralzone plus haut. Vers 09h40, nous atteignons les belles vasques baignables de la confluence Carciara/Peralzone. La progression dans la suite du ravin ne nous pose aucun problème surtout qu'il y a peu d'eau dans la Carciara. La fin de la remontée à la brèche se fait comme d'habitude en remontant le ruisseau de Pinu Neru sur 80m pour aller chercher le premier tronçon praticable de l'ancien chemin d'exploitation du Carciara qui aboutit à l'entrée des deux parois rocheuses. En examinant un peu les abords de la première partie horizontale du chemin, on remarque des vestiges évidents de murets et des abris sous roches qui montrent qu'il faudrait peut-être explorer ce secteur d'un plus près !
Arrivée à l'entrée de la brèche à 10h25.
Le chemin d'exploitation dans la brèche :
A l'entrée de la brèche, le chemin traversait le ruisseau, même s'il n'est pas très facile de savoir exactement où et comment. Nous traversons nous aussi en rejoignant la corniche rocheuse lisse sur la rive gauche sans avoir eu à nous déchausser, l'eau étant peu profonde. Après une courte partie chaotique avec marche dans les blocs, sous les parois rocheuses monumentales de la RD de la brèche, puis une petite escalade de la paroi sur la droite, nous retrouvons un muret cyclopéen marquant le retour sur les vestiges du chemin. Celui-ci continue à "cheminer" sous les parois Nord de la brèche, s'interrompt un moment dans un secteur rocheux effondré, puis reprend plus en hauteur avec de nouveaux vestiges étonnants, murets d'ampleur et parties dallées... Il emmène ainsi jusqu'à la sortie de la brèche dans un bras mort du ruisseau le long duquel ont été laissés tout un ensemble de câbles métalliques, dont certains en rouleaux, vestiges de l'ancien téléphérique du ravin. En face, sur l'autre rive, les parois RD du Carciara montrent une face lisse et verticale dans laquelle d'énormes tafoni se sont creusés : certains imaginent qu'on aurait pu s'en servir de lieux d'inhumation (comme on en a trouvé dans d'autres falaises corses)... Sans doute pour y mettre les ouvriers morts au travail dans ce ravin du bout du monde ?
Il est 10h45 et nous en avons fini avec la brèche...
La montée aux caseddi :
En amont de la brèche, on trouve immédiatement une grande vasque-cascade avec en RD de nouveaux vestiges du chemin (il a donc de nouveau traversé le ruisseau !) qui contourne la vasque en hauteur avec des soutènements qui atteignent parfois 3m de haut. Nous suivons le chemin jusqu'à ce qu'il redescende au ruisseau.
Nous n'avions jamais trop examiné, dans nos explorations précédentes, comment le chemin pouvait se poursuivre vers l'amont. En regardant de plus près, on trouve une partie rocheuse sans doute comblée par un effondrement de la falaise au-dessus, puis une assise de pierres sèches en face sur la rive gauche montrant une troisième traversée du torrent. Nous essayons de suivre le tracé du chemin sur cette rive. Au départ une partie plane d'une cinquantaine de mètres le long du lit, puis la trace monte en écharpe dans un sous-bois de cette rive gauche. Nous la parcourons un bon moment, puis nous la perdons et passons un long moment à la chercher en vain. Avec Nicole et Vincent, nous préférons redescendre dans la Carciara pour continuer vers les caseddi car l'heure avance. Mais Jean-Jo persiste, suivi par Andy qui ne sait plus à quel saint se vouer ! Nous les perdons de vue et continuons par la voie classique pour rejoindre la confluence Frassiccia un peu plus haut. Visite express de la cascade, toujours aussi esthétique, puis de nouveau la confluence...
Il est 11h50. De beaux soutènements (encore !) y marquent la rive droite : en fait, comme nous l'avions déjà constaté à l'exploration précédente, il s'agit du départ d'un chemin remontant la rive en question. Des cris lointains nous font comprendre que Jean-Jo et Andy ont avancé moins vite que nous, mais, aux échos de voix entendus, qu'ils ont fait des trouvailles intéressantes. Ils nous rejoignent bientôt, par le chemin d'exploitation, en nous expliquant qu'ils l'ont retrouvé plus haut, ont vu des vestiges exceptionnels (on les verra à la descente) et l'ont suivi jusqu'à la confluence. Nous comprenons ainsi que les soutènements visités auparavant ne sont que la suite sur l'autre rive et que nous avons commencé à reconstituer entièrement l'ensemble du chemin...
Nous continuons la remontée dans le lit du ruisseau en retrouvant les points marquants de nos montées précédentes : la petite vasque-bief à contourner par le maquis en RG, les câbles métalliques du téléphérique, la confluence Velacu et les caseddi démaquisés à notre dernier passage !
Arrivée là-bas à 12h30, le temps de visiter les caseddi et de s'installer à côté pour déjeuner...
La descente complète par le chemin d'exploitation :
Redémarrage vers 14h après le déjeuner. Je descends directement vers la confluence et la suite du ruisseau pour revenir, pensant que les autres allaient suivre d'une manière ou d'une autre. Mais je me rends compte que Jean-Jo les a emmenés sur le chemin lui-même pour essayer de le suivre à la descente. Il part des caseddi dans le V de la confluence, traverse le Velacu vers sa rive droite et suit la rive droite de la Carciara dans une pinède encombrée de maquis. J'entends les coups de pinatu de mes coéquipiers au-dessus de moi, mais j'ai la flemme de remonter les suivre et continue dans le ruisseau vers la confluence Frassiccia que j'atteins à 14h20.
S'ensuit plus de 30mn d'attente avant de les voir apparaître le long des soutènements en face de moi : ils ont parcouru le chemin en entier et l'ont démaquisé grossièrement pour le rendre à peu près praticable ! Pas de photos de cette partie du chemin, donc...
Nous repartons sur l'autre rive pour faire en sens inverse l'itinéraire que Jean-Jo et Andy avaient remonté à l'aller. Le chemin remonte tout d'abord de 30/40m de dénivelé en tournant le dos au "Cumpuleddu di U Tafonu" (ex - Trou de la Bombe) que l'on aperçoit en se retournant et traverse une clairière en pente avec des soutènements superbes. Il rentre à nouveau dans le sous-bois et, 300m environ après la confluence, approche de la crête qui sépare Carciara et Vangone di a Neve, affluent presque perpendiculaire descendant du Nord. Là, on arrive sous une plate-forme sous-tendue d'un mur de 2m de hauteur dont on imagine qu'elle servait au téléphérique. Outre cet ouvrage, en continuant le long du mur, nous découvrons une "tranchée" de 30m de longueur et de plusieurs mètres de hauteur découpée le long de la crête : elle servait visiblement à permettre le passage des câbles du téléphérique dans la proéminence de cette crête ! On imagine sans mal la quantité de travail que les exploitants ont dû abattre pour réaliser ce truc...
La suite se fait ensuite en descente avec de plus en plus de travail de démaquisage pour écarter les nombreuses branches et troncs en travers. Nous sommes même obligés de contourner par la droite un tronçon du chemin trop encombré pour le retrouver plus bas dans une zone d'orientation compliquée. C'est là que Nicole bute sur un vestige métallique, sorte de griffe de suspente du téléphérique, que nous n'hésitons pas à confier à Andy, qui n'a rien à porter, pour qu'il le rapporte à notre musée patrimonial du Cavu. La suite de la descente se fait intégralement par le chemin jusqu'au ruisseau que nous retrouvons à 16h.
Retour à la brèche dans la foulée et suite du parcours par la voie classique : traversée de la brèche, chemin d'exploitation en aval de la brèche, Pinu Neru, lit de la Carciara, remontée au sentier de Paliri au niveau de la vasque circulaire, retour au parking de Lora vers 18h10...
Compléments :
Chaque nouvelle sortie dans ce secteur apporte de nouveaux sujets d'émerveillement face aux travaux et ouvrages incroyables réalisés par les équipes qui travaillaient à cette exploitation mixant production de charbon de bois en rive droite et coupe de bois en rive gauche. Le chemin d'exploitation remontait donc intégralement TOUT le ravin en profitant des rives les plus propices et en utilisant soutènements, dalles et renforts construits pour en faire un investissement dur. Quant au téléphérique, on peut essayer de deviner son parcours exact, d'où il partait et où il arrivait : pas facile sans autre renseignement !
Merci à ceux qui ont des informations sur cette exploitation, son époque, ses propriétaires ou commanditaires, etc... ou bien le lieu d'archives où nous pourrions retrouver des documents concernant ce site, de nous faire parvenir commentaires et suggestions...
Rappel ci-contre à gauche de la carte du Carciara avec les détails du parcours et du chemin.
Le diaporama complet de l'expédition
Cliquer sur la photo ci-dessus pour visualiser le diaporama
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